La rue des Bénards: enfant en danger

Auteur: FARàVélo

Date: 22 novembre 2020 13:38

 

La rue des Bénards a été rénovée, mais le transit n'a pas été coupé. Par conséquent elle reste un raccourci dangereux qui incite à la vitesse. Voici le témoignage d'un parent fontenaisien.

De septembre à novembre 2019, la rue des Bénards, qui se situe dans la continuité de la rue Boucicaut vers l’avenue Maréchal Foch, a été entièrement rénovée (trottoirs, revêtements, marquages au sol et mobilier urbain).

C’est une rue étroite, reliant deux grands axes (Carrefour Boucicaut/Marx Dormoy/Lombard et avenue Maréchal Foch), très fréquentée par les enfants et familles du fait de la présence d’un centre commercial de proximité, d’un cabinet médical et de nombreuses écoles.

Cette rue est également utilisée comme itinéraire de délestage par certains automobilistes lorsque la rue Marx Dormoy est encombrée, d’autant plus que l’absence de feu tricolore lui donne l’apparence d’être une voie plus rapide pour remonter vers Bagneux.

 

La rue des Bénards devient une « départementale bis » lorsque la rue Marx Dormoy est congestionnée.
La rue des Bénards devient une « départementale bis » lorsque la rue Marx Dormoy est congestionnée.

 

Quelles améliorations à l’issue de la rénovation de cette rue ?

  • dans la partie reliant le centre commercial à l'avenue Maréchal Foch, le stationnement est en quinconce et contraint les automobilistes à réduire leur vitesse,
  • des passages piétons sont identifiés et protégés par du mobilier urbain.

Mais quelques réserves…

Dans le sens de la montée vers l’avenue Maréchal Foch, les automobilistes ont le feu tricolore en ligne de mire et font le « forcing » pour atteindre le feu le plus rapidement possible, car ils ne peuvent plus se croiser sans que l’un ne doive céder le passage à l’autre :

 

La montée depuis le centre commercial vers l’avenue Maréchal Foch : l'automobiliste est tenté d'accélérer pour passer au feu.
La montée depuis le centre commercial vers l’avenue Maréchal Foch : l'automobiliste est tenté d'accélérer pour passer au feu.

 

Traverser la chaussée sur les passages protégés est donc difficile, surtout pour les enfants, et subir la « pression » des automobilistes lorsque l’on monte la rue à vélo est particulièrement anxiogène...

 

Et de sérieux inconvénients :

  • dans la partie remontant vers le centre de FAR, tout le stationnement est du même côté, incitant à la prise de vitesse :
La descente de la rue Boucicaut vers l’avenue Maréchal Foch (Source: site internet de la ville de Fontenay-aux-Roses).
La descente de la rue Boucicaut vers l’avenue Maréchal Foch (Source: site internet de la ville de Fontenay-aux-Roses).

 

La montée depuis le centre commercial vers la rue Boucicaut.
La montée depuis le centre commercial vers la rue Boucicaut.

 

  • les trottoirs n'ont pas été sanctuarisés et laissent toujours la place belle au stationnement sauvage, obligeant les piétons à marcher sur la chaussée,
  • la largeur de la chaussée a été légèrement réduite, supposant un ralentissement de la part des automobilistes lorsqu’ils se croisent mais, l'accès aux trottoirs étant simplifié par leur hauteur ridiculement faible (2 cm environ), cela permet à tout véhicule (a fortiori les SUV) d'y monter sans ralentir ni risquer aucun dommage,
  • les plateaux surélevés ont été adoucis, rendant possible leur franchissement à grande vitesse, surtout pour les SUV,
  • l'état des arceaux à vélo quelques jours après leur pose et l'inauguration illustre la considération qui est accordée à ce type de moyen de déplacement et, symboliquement, il en émane une grande violence:

 

Le stationnement sauvage sur le trottoir est toujours légion, toléré voire encouragé par l’abaissement de la hauteur des trottoirs, et les automobilistes circulent sur les espaces réservés aux piétons pour se croiser, ou se garer.
Le stationnement sauvage sur le trottoir est toujours légion, toléré voire encouragé par l’abaissement de la hauteur des trottoirs, et les automobilistes circulent sur les espaces réservés aux piétons pour se croiser, ou se garer.

 

« Nous n'arrivons pas à nous résoudre à le laisser aller seul à l'école »

Ce quartier est extrêmement fréquenté aux horaires des trajets vers l'école. Mon fils a 9 ans, il commence à se déplacer seul. Nous n'arrivons pas à nous résoudre à le laisser aller seul à l'école en passant par cet endroit. Nous l'accompagnons et nous avons commencé à reconnaitre avec lui un trajet sécurisé lui permettant d'éviter de passer par la rue des Bénards, ce qui constitue une gageure puisque notre domicile et l’école se trouvent de part et d’autre de cette rue.

Souvent agacé, parfois en colère face aux incivilités, voire l’inconscience de certains automobilistes, je craignais d’être intolérant, paranoïaque et catastrophiste, qualités fréquemment prêtées aux usagers du vélo. En février 2020, en région parisienne, un enfant a été écrasé par un conducteur garé sur un trottoir sur le chemin de l'école. La réalité rejoint donc parfois mes craintes.

Et mes craintes sont quotidiennes quand je subis une situation catastrophique aux abords de l'école de la Roue, aux heures d'entrée et de sortie des enfants, avec des vitesses excessives, des stationnements sauvages mettant en danger les enfants et leurs parents, des attitudes agressives lorsque l'on réclame le respect et la place qui nous sont dus... Et une police municipale qui passe de temps en temps, mais ne fait que passer...

Des infrastructures hostiles qui encouragent l'insécurité routière

Je me déplace en vélo quotidiennement, mon épouse également, et mes enfants se rendent au collège et à l'école à pied. C'est un plaisir et une chance, comparativement aux autres modes de transport.

C'est également un sacerdoce, une angoisse teintée de souffrance, tant les infrastructures et les comportements nous apparaissent comme hostiles et tant l’évolution semble se faire avec beaucoup d’affichage, mais peu d’actions de fond, dès lors qu’émerge un risque de déplaire aux usagers des véhicules motorisés.

Malgré les nombreux travaux de rénovation menés ces dernières années, malgré l’émergence de l’usage du vélo depuis le déconfinement, et malgré l’adéquation de la taille de la ville avec les déplacements à pied ou à vélo, Fontenay-aux-Roses reste une ville où je me sens en grand inconfort, voire en danger, quand je me déplace autrement que dans ma voiture.

 

Auteur: Patrice Roche
Réactions : faravelo@outlook.fr